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Suite de l'article : 

 

 La musique

 

Les titres sont généralement plus courts que dans les albums précédents de GENESIS, une majorité tourne autour de 3mn, six tournent autour de 5mn ; un titre atteint 7mn (The Lamia) et deux seulement dépassent légèrement les 8mn (In The Cage et The Colony of Slippermen). On est loin des 10mn35 de The Musical Box, de Supper's Ready (22mn54) et de The Cinema Show (11mn06).

 

Cependant plusieurs titres se suivent sans pause: on peut les considérer comme plusieurs mouvements d'une longue composition musicale. Par exemple les trois premiers titres de la face B (Back in N.Y.C, Hairless Heart et Counting Out Time): ce qui fait un total de 11mn37. Mais il en est de même au début du disque 2 entre Lilywhite Lilith et The Waiting Room. Et aussi sur la face B de ce disque, entre The Colony of Slippermen et Ravine : ce qui fait une pièce de 10mn20.

 

La musique très progressive n'est pas seulement là pour accompagner le texte, elle l'illustre et parfois le transcende. Dans cet album l’instrumentation est plus électrique ce qui donne un rock davantage énergique ou l'on retrouve aussi des accents symphoniques avec des arrangements très élaborés. Les musiciens, particulièrement brillants, ont su transposer musicalement l'ambiance noire et cauchemardesque du scénario dans : In The Cage, The Grand Parade of Lifeless Packaging, The Chamber of 32 Doors, The Waiting Room, The Lamia, The Colony of Slippermen.

 

Mais ils ont su également les alterner avec des compositions aux douces mélodies, proche des ballades, au calme trompeur: Broadway Melody, Cuckoo Cocoon, Hairless Heart ou Carpet Crawlers.

 

Les parties instrumentales de l'album sont importantes avec six titres entièrement instrumentaux: disque 1: Broadway Melody et surtout Hairless Heart ; disque 2: The Waiting Room ; Here Comes the Supernatural Anaesthetist ; Silent Sorrow in Empty Boat ; Ravine.

Sans oublier six titres en grande partie instrumentaux: Fly on a Windshield; In The Cage; The Lamia; The Colony of Slippermen; Riding the Scree; lt.

 

In The Cage et The Colony of Slippermen (chacun de plus de 8 mn) sont des compositions musicales symphoniques très progressives aux riches arrangements, comparables à Supper's Ready de l'album Foxtrot.

 

L'album, bien qu'il comporte des titres aux ambiances et aux styles musicaux variés et très différents, est une œuvre totalement cohérente dont les morceaux s'imbriquent comme dans un puzzle.

L'instrumentation repose en grande partie sur les claviers virtuoses de Tony Banks qui charpentent l'ensemble musical de l'album dont il a écrit une grande partie. Elle s'harmonise avec les guitares (tantôt éthérés, tantôt saturés) de Steve Hackett, la basse puissante de Michael Rutherford, la batterie énergique de Phil Collins et la voix ensorcelante et polymorphe de Peter Gabriel.

Il faut enfin souligner l'apport de Brian Eno dans les « traitements numériques » déformants les voix dans In the cage et The Grand Parade of Lifeless Packaging. Brian Eno est un des précurseurs de la musique expérimentale avec l'utilisation des premiers synthétiseurs dans le rock. Il a collaboré, entre autres, avec le groupe KING CRIMSON.

Il va sans dire qu'il faut plus d'une écoute, surtout pour les principaux titres, pour bien apprécier la «substantifique moelle» de ce grand album.

 

 Notes sur quelques titres

 

1er album

 

The Lamb Lies Down On Broadway : c'est l'introduction de l'album avec un excellent solo de piano (toccata) un peu inquiétant, de Tony Banks qui précède le chant et les choeurs aux accents déjà tourmentés intégrant une plage calme (ballade à 2mn30) avant la suite plus mouvementée.

 

Fly On the Windshield : le titre commence par un rythme lent dans un balancement léger, aérien repris par la puissante batterie de Phil Collins sur un fond de nappes de synthé. Quelques riffs de guitare annonce le chant dans une ambiance inquiétante (arrivée de l'énorme mur).

 

Cuckoo Cocoon : court titre avec une mélodie aux accents champêtres trompeurs (flûte).

 

In The Cage : un des meilleurs morceaux (illustrant encore la virtuosité des musiciens) qui retranscrit l'atmosphère oppressante de la cage. Après une courte intro assez lente et des choeurs aux accents graves, le rythme s'accélère. Le chant commence alors, plein d'angoisse, sur des nappes saccadées des claviers avec en second plan la guitare et les frappes énergiques de la batterie. Le mouvement ralenti au milieu du titre avec une plage instrumentale ou dominent les synthés – après une courte reprise du chant, fin en fade out.

 

The Grand Parade Of Lifeless Packaging : titre court dont les voix (chant et choeurs) ont été modifiés par Brian Eno comme dans le titre précédent, ce qui amplifie l'ambiance hallucinatoire et fantastique. Synthés et voix se confondent.

 

Back In N.Y.C : titre de plus de 5mn en début de face B composé de deux parties : 1) Chant agressif (faisant référence à la violence de Raël quand il était dans le gang) sur une musique « dysharmonique » répétée en boucle par les synthés. Puis 2mn50 surgissent des choeurs aux voix déformées, monstrueuses (traitement numérique). Le chant initial reprend avec un refrain obsédant...

 

Hairless Heart : douce ballade instrumentale, accolée au titre précédent, avec une jolie mélodie aux claviers harmonieux.

 

Counting out Time : Autre ballade au ton ironique (échec de l'expérience sexuelle de Raël) à la composition musicale un peu « déjantée » qui rappelle certains titres de l'album blanc des Beattles.

 

Carpet Crawlers : une longue ballade de plus de 5mn avec une superbe mélodie - l'intro et le refrain repris en choeur en particulier - très belles nappes des claviers. Le titre est ressorti en sigle en 1999 avec deux autres chansons.

 

The Chamber of 32 Doors : titre assez progressif avec une jolie intro instrumentale (claviers et guitare) ouvrant plusieurs parties alternant musique douce et musique au rythme plus rapide, avec chants a plusieurs voix (atmosphère angoissante du long couloir fermé par la porte...).

 

2ème album

 

Lilywhite Lilith : titre essentiellement chanté dont l'ambiance fantastique (l'aveugle Lillywhite guidant Raël parmi la foule) est bien retranscrite, surtout à partir de la courte partie instrumentale à 1mn25 (guitares et orgue). Superbe voix de Peter Gabriel à 1mn45 sur fond de de claviers rythmés par les guitares.

 

The Waiting Room : titre instrumental (plus de 5mn) de musique expérimentale avec un arrangement de bruitages et sonorités qui rappelle le morceau On The Run des PINK FLOYD qui illustrait l'angoisse et le stress dans l'album Dark Side Of The Moon. A 2mn de la fin le mouvement devient plus rapide et rythmé (batterie).

 

Anyway : très jolie ballade poignante chantée accompagnée au piano (synthé). A 1mn25 le rythme s'accélère dans une partie instrumentale où piano, claviers et riffs de guitare électrique se répondent et s'accordent à merveille.

 

The Lamia : un long morceau de près de 7mn, une très longue ballade pleine de mélancolie alternant chant et partie instrumentale (dont un beau solo de piano à 2mn10). Superbe final instrumental de 1mn avec guitare électrique aux accents déchirants. La mélodie est une reprise, plus douce, de celle du premier titre The Lamb Lies Down On Broadway.

 

Silent Sorrow Of Empty Boats : petit instrumental qui reprend le thème du Prélude de L'Or du Rhin de WAGNER avec choeurs (Raël dans un état second après la rencontre des Lamias).

 

The Colony Of Slippermen : ce titre, en grande partie instrumental, de plus de 8mn est un des deux meilleurs de l'album dans un style très progressif. C'est une transposition musicale particulièrement bien réussie de l'ambiance fantastique de l'épisode chanté par Peter Gabriel (difformité et castration avec les Lamia) : longue introduction instrumentale (mouvement lent) puis, à 1mn45, mouvement plus rapide avec chant - dont les voix sont déformées à partir de 2mn40 (monstres). Ce chant est entrecoupé de plages instrumentales superbes (claviers/synthé). Il illustre bien les niveaux de qualité et de cohésion musicale auxquelles était parvenue le groupe (et dans ce titre particulièrement entre le chanteur Peter Gabriel et le batteur Phill Collins dont la technique fait ici merveille). Final en fade out.

 

The Light Dies On Broadway : ballade reprenant, en plus rythmée, la mélodie du Lamia.

 

Riding the Scree : autre morceau essentiellement instrumental. Le jeu de batterie particulièrement mis en avant out au long du morceau. On remarque de bons solos de claviers (synthé) – au début et au milieu du titre – beaux arrangements dans un style près progressif.

 

It : chanson finale gaie qui annonce une fin plutôt positive mais qui musicalement n'est pas à la hauteur de l'ensemble de l'album.

 

La pochette

Réalisée toujours par Hipgnosis (sans couleurs) elle représente assez bien les ambiances de l'album « noir » avec des photos surréalistes.

 

 Bilan de l’album

 

L'album obtient le disque d'or en France avec plus de 100 000 ventes. Pendant la tournée mondiale de GENESIS en 1974/75, le groupe joue sur scène l'ensemble des titres du double l'album avec de nombreux effets spéciaux reproduisant l'ambiance surréaliste de l'oeuvre. C'est au cours de la tournée que Peter Gabriel annonce son départ aux autres membres du groupe. En août la presse anglaise l'annonce publiquement.

 

On peut affirmer aujourd'hui que cet album représente le summum en qualité musicale, richesse des arrangements et textes de ce que le groupe a produit dans toute sa carrière : The Lamb Lies Down on Broadway est un monument du rock au même titre que Tommy pour les WHO, Thick As a Brick pour JETHRO TULL, Dark Side Of The Moon pour PINK FLOYD, Red pour KING CRIMSON, etc...

 

Cet album concept fantastique et tourmenté qui aurait mérité une adaptation au cinéma est difficilement accessible et il faut évidemment plusieurs écoutes pour l'apprécier à sa juste valeur. 45 ans après, loin d'apparaître dépassé ou archaïque il maintient sa modernité.  En témoigne le succès du tribute band The Musical Box qui a repris depuis octobre 2000 la tournée originale de GENESIS de 1974. Et d'après Phill Collins le groupe canadien fait mieux que l'original ! La voix du chanteur serait une copie de celle de Peter Gabriel...

 

Le double album vinyle est ressorti en 1994 avec une réédition remastérisée (double Compact Disc) puis en 2008 en CD, en super audio CD et en DVD. 

 

Jaime Prog

 


 

 

 Musiciens

 

Peter Gabriel : chant, flûte, percussions

Tony Banks : claviers  

Steve Hackett : guitares acoustique et électrique

Mike Rutherford : basse, guitares

Phil Collins : batterie, percussions, chœurs, chant sur The Colony

of Slippermen

 

Techniciens

 

Brian Eno : traitements de la voix sur In the cage et The Grand Parade of

Lifeless Packaging

Hipgnosis : design de pochette, photographies

George Hardie : illustrations

Dave Hutchins : ingénieur du son

Genesis, John Burns : production


 

 Titres

Disque 1

Face A

1- The Lamb Lies Down on Broadway                               4mn 50

2- Fly on a Windshield                                                         4mn 23

3- Broadway Melody of 1974                                                       33

4- Cuckoo Cocoon                                                               2mn 11

5- In the Cage                                                                       8mn 15

6- The Grand Parade of Lifeless Packaging                      2mn 45

Face B

  7- Back in NYC                                                                   5mn 42

  8- Hairless Heart                                                                2mn 13

  9- Counting out Time                                                         3mn 42

10- Carpet Crawlers                                                             5mn 15

11- The Chamber of 32 Doors                                             5mn 40

 

Disque 2

Face C

1- Lilywhite Lilith                                                                  2mn 40

2- The Waiting Room                                                           5mn 28

3- Anyway                                                                             3mn 18

4- Here Comes the Supernatural Anaesthetist                 2mn 50

5- The Lamia                                                                         6mn 57

6- Silent Sorrow in Empty Boat                                          3mn 06

 

Face D

7- The Colony of Slippermen 'Arrival / A Visit to the Doktor / Raven              8mn 14

8- Ravine                                                                               2mn 05

9- The Light Dies Down on Broadway                               3mn 32

10- Riding the Scree                                                            3mn 56

11- In the Rapids                                                                  2mn 24

12- It.                                                                                     4Mn 58


 

 Réécouter le double album de 1974 remastérisé :

 

Album vinyl 1974 - The Lamb Lies Down on Broadway -pages intérieures
Album vinyl 1974 - The Lamb Lies Down on Broadway -pages intérieures

Album vinyl 1974 - The Lamb Lies Down on Broadway -pages intérieures

Tag(s) : #L'apogée
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